Serge Charchoune [ 1888 - 1975 ]
Peintre
Estimation et cote de l'artiste

Serge Charchoune naît à Bougourouslan, en Russie, dans une famille d'origine modeste. Bien que destiné à une carrière de négociant, il renonce rapidement à cette voie pour se consacrer à la peinture. Il commence ses études artistiques à Moscou, mais, ne parvenant pas à entrer à l'École des Beaux-Arts, il se rebelle contre la forme académique du dessin. Selon ses propres mots, il a toujours détesté dessiner et considérait que « le dessin et la peinture sont, à mes yeux, les plus grands ennemis ».

En 1912, après avoir déserté le service militaire russe, Charchoune s'installe à Paris. Il s'inscrit à l'Académie de la Palette, où il suit l'enseignement des cubistes Jean Metzinger et Henri Le Fauconnier. C'est à Paris qu'il entre en contact avec les grands mouvements d'avant-garde de l'époque, notamment le cubisme et le futurisme.

En 1914, après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Charchoune se réfugie à Barcelone avec sa compagne, la sculptrice Helena Grunhoff. Là, il rencontre plusieurs figures majeures de l'avant-garde, telles que le boxeur-poète Arthur Cravan, ainsi que les peintres Albert Gleizes, Marie Laurencin et Francis Picabia. En 1916, ils exposent ensemble pour la première fois à la galerie Josep Dalmau, où Charchoune présente des œuvres qu'il qualifie d'« ornementales », ainsi que des peintures influencées par le cubisme.

Après la Révolution bolchévique de 1917, Charchoune choisit de ne pas retourner en Russie et reste à Paris. Il s'engage alors dans le mouvement dadaïste, un courant artistique qui rejette la logique et les conventions de la société. En 1920, il assiste au Festival Dada à la salle Gaveau et entre en contact avec Francis Picabia. Il participe activement aux réunions dadaïstes au Café Certá et aux manifestations, notamment le procès Barrès organisé par André Breton en 1921. Charchoune fonde son propre groupe dada, Palata Poetov (La Chambre des Poètes), et organise une soirée dadaïste russe en décembre 1921. Cependant, ce dernier événement est un échec, et il se détourne progressivement du mouvement dada.

Charchoune poursuit ses explorations en Berlin, où il fonde la revue Perevoz Dada (« Le Transbordeur Dada ») en 1922 et publie une anthologie de poésie dadaïste. Cependant, à partir de 1923, il délaisse le dadaïsme pour se consacrer à des recherches plus personnelles dans l'art.

De retour à Paris en 1923, Charchoune se rapproche de l'artiste Amédée Ozenfant, figure du mouvement puriste, et adopte une approche artistique plus classique et épurée. Il participe à la revue L'Esprit Nouveau avec Ozenfant, Le Corbusier et d'autres figures de l'avant-garde, dont Picasso, Breton, et Cocteau. Cette période marque l'une de ses plus belles créations, dans laquelle il produit de nombreuses œuvres géométriques et harmonieuses influencées par le purisme.

En 1925, il participe à la Rétrospective du Salon des Indépendants, et ses œuvres sont exposées à la Galerie Percier, grâce à la rencontre avec le marchand d'art André Level.

Entre 1931 et 1950, Charchoune traverse une période difficile marquée par l'isolement et des difficultés économiques. Il vend peu, expose rarement et vit dans une grande précarité. Cependant, il rencontre deux marchands d'art, Raymond Creuze et Edwin Livengood, qui croient en sa peinture et l'aident à traverser cette phase. Sa pratique se transforme alors : l'eau et la musique deviennent des thèmes récurrents dans son œuvre.

À partir de 1954, ses œuvres deviennent plus abstraites et épurées, se caractérisant par des monochromes souvent dominés par des teintes de blanc, tout en intégrant des éléments de matière. Les compositions musicales et aquatiques occupent désormais une place centrale dans son travail. Nicolas de Staël qualifie Charchoune de « plus grand d'entre nous ».

En 1971, Serge Charchoune bénéficie enfin d'une reconnaissance nationale avec une rétrospective au Musée National d'Art Moderne à Paris.

Charchoune réalise un long voyage initiatique aux îles Galapagos, un lieu qu'il considère comme un modèle de beauté naturelle. Tout au long de sa vie, il continue de se nourrir de son amour de la musique.

Estimation, prix et cote des oeuvres de Serge Charchoune

Peinture : prix & cote

• En ventes aux enchères, les prix des tableaux de Charchoune oscillent de 2 000 € à 14 000 €. 

Dessin : prix & cote

• Les dessins de l'artiste se vendent à partir de 300 € et jusqu'à 2 000 €.

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